Digesta 2004 |
ΟΜΙΛΙΑ
Του τιμώμενου Πρωθυπουργού του Λουξεμβούργου κ. J. - C. Junker
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Monsieur le Recteur, cher Yannis,
Mon Seigneur,
Monsieur le Président de la Cour de Justice de l’ Union Européenne,
Cher Costas Karamanlis,
Monsieur le Ministre,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honoré, presque bouleversé, par l’ honneur qui m’est fait. Et je suis très sensible à ce que vous vous ayez associé nombreux à cet événement. Je voudrais saluer d’ abord les étudiants. Les étudiants font l’Université. Sans eux, l’Université n’existerait pas. Ce sont les étudiants et les jeunes formés qui pensent le monde de demain et qui vont le façonner. Je suis honoré par la nombreuse présence des étudiants de cette Université.
J’ai beaucoup écouté ce que les uns et les autres ont pu dire, au sujet de celui qui aujourd’hui se voit ainsi honoré. Par endroits, j’étais un peu gêné, parce que ce qui fut dit, avait l’air d’avoir été un bilan. Or, je ne suis pas encore arrivé à l’heure du bilan, je veux continuer. Et je veux continuer sur la route qui nous est tracée par ceux qui étaient là avant nous. Ceux qui, après la deuxième guerre mondiale, au milieu de tant de désespoir et après tant de tragédies en Europe, ont fermanté l’idée qu’il faudrait que l’Europe remplace ce qu’elle fut par de nouvelles idées, par de nouvelles imaginations, et par de nouvelles énergies. Ce fut la génération de mes père et mère, de ceux qui ont connu la guerre, pour l’avoir subi et sans l’avoir fait, qui ont tiré les bonnes leçons de l’histoire. Et nous ne sommes que de modestes héritiers de cet impréssionnant héritage qu’ils nous ont laissé. Alors il faudrait que nous obtenions un demain très digne de cet héritage et à tout faire pour que l’Europe ne puisse plus jamais être défaite. Il ne faut pas croire que les maux, les démons qui ont fait les malheurs de l’Europe à de si nombreuses reprises, ne seraient pas à même de reprendre vie et de semer à nouveau la terreur dont ils sont les maîtres. Ceux qui viendront après nous n’auront plus la force de faire l’Europe, lorsque nous ne l’aurons pas legué à ceux qui, le jour où ils prendront dans nos sociétés le pouvoir à tous les étages, ne se souviendront plus des causes profondes qui ont fait que nos pères ont dû faire et ont voulu faire et ont heureusement fait l’Europe.
Alors, attelons-nous à cette tâche. Et faisons en sorte qu’après nous l’Europe soit devenue plus complète, plus riche, plus solide, plus solidement ancrée à ce continent qui reste compliqué et qui ne peut pas fonctionner avec des règles qui seraient trop simples.
Je deviens, chers amis, Docteur en Droit Honoris Causa. Belle aventure, finalement, pour un juriste. Si j’ avais continué mes études de Droit, après être devenu Maître en Droit de l’Université de Strasbourg, j’aurais peut-être pu devenir Docteur en Droit. Mais, j’ai préferé devenir Premier Ministre, pour pouvoir devenir Docteur en Droit sans devoir étudier. Donc, je vous sais gré d’ avoir su, comme vous l’avez fait, recompenser cette économie de temps et ce gain en énergie que j’ai réalisé.
Docteur en Droit, j’aimerais parler du Droit, de sa noblesse normative, de sa vigueur et de sa rigueur qui doivent s’imposer à tous sans exception, puissants et faibles, grands et petits. J’aimerais vous parler de la logique juridique, de ses remises en cause, de la perte dans nos sociétés du sens normatif qu’il faut déplorer. Le jour où nos sociétés n’auront plus le Droit, nos sociétés auront perdu leurs titres de noblesse. Le jour où le Droit n’est plus le Droit mais une règle relative mise à la disposition arbitraire des uns et des autres, les faibles et les moins puissants ne seront plus protégés.
Alors, Docteur en Droit de cette Faculté et Docteur Honoris Causa de cette jeune Université, dont la réputation n’est plus à faire, Docteur en Droit en Thrace, en Grèce, je dis ce soir: vive cette Université, et vive l’Europe!